Jeudi soir, vers 21 h 30, à la suite d’un contrôle, les douaniers d’Hendaye ont mis au jour un trafic d’oiseaux, saisissant 82 volatiles, tous des espèces protégées. Le véhicule, un Mercedes Vito immatriculé en Belgique, provenait d’Espagne et faisait route vers la Belgique, plaque tournante du trafic d’oiseaux protégés.
Les volatiles étaient cachés dans des caisses de 40 cm de long sur 20 cm de large et 15 cm de hauteur. Ils se trouvaient dans un état déplorable, et entassés dans leur fiente.
Confiés au refuge Hegalaldia
Il s’agissait de neuf espèces, toutes mentionnées dans le Code de l’environnement (1) : pinsons, becs-croisés, mésanges charbonnières, et surtout 41 chardonnerets élégants, dont on estime qu’un couple se revend entre 150 et 200 euros au marché noir. Ces volatiles sont particulièrement recherchés.
Les douaniers ont fait appel au centre de protection des animaux Hegalaldia, installé à Ustaritz, pour venir en aide aux oiseaux. Selon les soigneurs d’Hegalaldia Stéphan Maury et Laurence Goyeneche, deux spécimens sont morts hier matin et dix autres seraient dans un état critique avancé. Certains, en revanche, devraient pouvoir être relâchés après avoir été bagués.
Le fraudeur est connu, c’est un récidiviste du trafic d’oiseaux, déjà interpellé en Espagne et identifié pour d’autres affaires. Il déclare, sans paraître inquiet, avoir acheté à un braconnier moins de 5 euros chaque oiseau. À la suite de la saisie douanière, le trafiquant est reparti libre. Les douaniers et les gardes de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), police de l’environnement, n’ont pu ni garder ni verbaliser l’homme, car les espèces saisies et protégées ne sont pas répertoriées dans la convention de Washington. Le fraudeur a bénéficié du vide juridique de la réglementation européenne à ce sujet pour repartir libre. L’équipe d’Hegalaldia s’est dite écœurée : « C’est du trafic légal, sans risque ».
Variantes de coloris prisées
Les oiseaux ont ensuite été rapatriés au centre vers 2 h 30 du matin. Jusqu’à plus de 4 heures, l’équipe s’est activée. Les oiseaux étaient dans ces caisses cachés sous des couvertures et des pastèques.
« Ils ont beaucoup souffert de la chaleur. Leur plumage est très abîmé car ils ont dû être attrapés avec de la glu et il est donc impossible pour eux de réguler leur température corporelle ; nous chauffons la pièce à 27 degrés », a déclaré Stéphan Maury, précisant : « Beaucoup sont dans un état critique, une trentaine devraient mourir dans les jours à venir. »
Le chardonneret sauvage, dont 41 têtes ont été saisies cette nuit-là, peut être croisé avec des canaris afin d’obtenir des variantes de chants et de coloris avec des pointes de rouge dans le plumage. Les collectionneurs et les petits éleveurs sont prêts à payer un bon prix pour obtenir ces espèces, notamment pour les concours.
Ces oiseaux sont normalement bagués mais « le problème, c’est qu’en Belgique ces oiseaux obtiennent facilement des papiers - falsifiés - qui permettent de les légaliser » et donc, de fait, les propriétaires sont en règle. Même le baguage des oiseaux est trafiqué dans certains élevages.
L’autre problème est financier. « Tout le monde est content qu’Hegalaldia sauve ces oiseaux protégés, mais c’est 100 % aux frais de l’association puisque le trafiquant ne paye aucune amende. »
Et les dépenses sont évidentes : mise en quarantaine des oiseaux huit jours minimum, suivi sanitaire strict avec frais de soins, apport de nourriture et d’eau, nettoyage des cages deux fois par jour et chauffage pour aider la régulation thermique corporelle.
L’association Hegalaldia peut recevoir des dons pour être aidée dans les soins à apporter aux oiseaux saisis, à tous les volatiles du refuge (2).